LE SECRET DE MARCELINE DESBORDES-VALMORE
Par Manuel G. SESMA
“Cette pauvre petite comédienne de
Lyon... comment l´appelez-vous?..”
C´était un jour de l´an 1828. Lamartine s´entretenait avec M. de Latour de
la littérature française contemporaine. Celui-ci amena dans la conversation
quelques noms de femmes poètes: Madame Tastu, Delphine Gay, Elisa Mercoeur, la
Princesse de Salm-Dyck, etc. Alors le grand poète s´écria: “Mais il y a bien
autre chose au-dessus, bien au-dessus de tout cela! Cette pauvre petite
comédienne de Lyon... comment l´appelez-vous? Mais oui – ajouta-t-il,
retrouvant aussitôt le nom - : Marceline Desbordes-Valmore [1].
Il n´est pas étonnant que Lamartine
ne se soit pas bien rappelé à cette date le nom de Marceline, puisqu´il ne le
connaissait encore que de loin et très peu. Pourtant, trois ans après,
saisissant l´occasion d´une curieuse équivoque, à propos de l´insertion d´une
ode de Mme Desbordes-Valmore dans le “Keepsake français” de Giraldon Bovinet [2], l´auteur des
“Harmonies” adressa à l´auteur des “Pauvres fleurs” un poème enthousiaste et
émouvant, pour rendre “un bien faible hommage, disait-il, à la femme dont
l´admirable et touchant génie poétique m´a causé le plus d´émotion” [3].
Et ce ne
fut pas seulement Lamartine, mais Sainte-Beuve, Baudelaire, Verlaine et
d´autres princes de la poésie et la critique, qui ont reconnu spontanément,
unanimement, l´inspiration saisissante et souveraine de cette femme singulière.
Nonobstant, elle ne figure pas d´ordinaire dans les manuels de littérature
française. Pourquoi? Parce que Marceline Desbordes n´était pas, en effet, une
grande figure de poétesse, au point de vue de la technique littéraire. Elle ne
dominait pas parfaitement l´art de faire des vers. Elle n´avait pas la maîtrise
de la forme des Parnassiens, par exemple. Mais, en revanche, elle possédait
mieux que nombre de poètes fameux, le don de faire vibrer les âmes et de
frapper les coeurs, par l´expression des sentiments humains les plus exquis et
les plus profonds.
C´est pour cela justement que, malgré le silence des manuels de
littérature, cette pauvre petite comédienne de Lyon reste et restera toujours
pour la postérité une des premières poétesses de France. C´est pourquoi, tandis
que d´autres, littérateurs plus remarquables de son époque, sont tombés tout à
fait dans l´oubli, le public continue à se passionner pour la vie et pour
l´oeuvre de cette femme d´élite dont l´âme pure et belle était – comme
Sainte-Beuve le remarquait – la poésie même [4].
L´une et l´autre ont par surcroît un
attrait excitant d´énigme, que l´on appelle le secret de Marceline
Desbordes-Valmore.
Hâtons-nous de dire pourtant que ce secret ne l´est pas en réalité, ou
plutôt qu´il est le secret de Polichinelle, puisque toute son oeuvre émouvante
n´est qu´une révélation de celui-ci. D´autre part, ce secret a été à demi
dévoilé par elle-même dans un quatrain touchant.
Toutefois il y a deux versions différentes de ce quatrain: l´une, celle qui
court dans les divers recueils de poésies de Marceline Desbordes-Valmore;
l´autre, celle qui resta ignorée longtemps dans l´original manuscrit de la
poétesse et qui a été révélée aux débuts de siècle, par M. Jacques Boulenger
dans son livre “Marceline Desbordes-Valmore, sa vie et son secret” [5].
Et bien, laquelle des deux versions est la plus acceptable?.. Laquelle est
la plus exacte?..
D´abord, la plus sincère, la plus intime et personnelle est sans doute la
dernière dont voici le texte:
“A qui
me l´a demandé.”
Quoi! Vous voulez savoir le
secret de mon sort,
Ce que j´en peux livrer ne vaut
pas qu´on l´envie.
Mon secret c´est un nom; ma
souffrance, la vie;
Mais son secret rien qu´un simple
nom?..
Alors même en ignorant la vie de Marceline, il est facile de le deviner
tout de suite. Le secret ne peut être que le nom d´un homme; plus
spécifiquement, le nom d´un amant. Voilà. Les femmes n´ont généralement
d´autres secrets. C´est peut-être pour cela qu´Oscar Wilde les a appelés “des sphinx
sans secret...”
Et, en effet, le fameux secret de Marceline – ou du moins celui que ses
biographes ont en vain essayé de surprendre et qu´elle-même insinua, mais
laissa enfin inédit dans son manuscrit – n´est que le nom mystérieux d´un
séducteur: un séducteur qui un jour s´empara complètement de son coeur de jeune
fille, en y allumant un de ces violents et vastes incendies qui ne s´éteignent
qu´avec la vie-même.
D´ailleurs, voici la trace de ce moment décisif dans ce mélancolique
“Souvenir”:
Quand il pâlit un soir et que sa
voix tremblante
S´éteignit tout à coup dans un
mot commencé,
Quand ses yeux, soulevant leur
paupière brûlante
Me blessèrent d´un mal dont je le
crus blessé;
Quand ses traits plus touchants,
éclairés d´une flamme
Qui ne s´éteint jamais,
S´imprimèrent vivants dans le
fond de mon âme,
A cette époque, Marceline Desbordes se trouvait dans la fleur de son âge:
quelque vingt-deux ans environ. Elle était actrice et chanteuse depuis l´âge de
treize ans. Elle vivait alors à Paris dans un milieu mondain et artistique: camarades
de théâtre, peintres – amis de son oncle Constant Desbordes, chez qui elle
était probablement logée – poètes, journalistes, etc., c´est-à-dire dans un
milieu le moins propre à préserver la vertu d´une jeune fille; le plus propre
aux badinages de l´Amour.
Pourtant elle n´avait pas un concept badin de celui-ci.
“On peut rire avec la Folie,
Mais il n´est prudent de rire
avec l´Amour”
Dotée d´une nature tendre et droite et d´un tempérament ardent et
passionné, elle ne concevait l´amour qu´à la façon féminine idéale,
c´est-à-dire à la manière sérieuse et tranchante définie par Frédéric
Nietzsche: “Complet abandon de corps et
âme (non seulement dévouement), sans
égards ni restrictions” [9].
L´amour n´était donc pas pour elle un jeu, mais une religion, une véritable
foi.
Alors, elle rencontra un jour chez
une de ses amies – Mlle Délia Amoureux, artiste de l´Odéon – un jeune homme
charmant: beau garçon, poète, de conversation séduisante et doué d´une voix de
sirène.
“Ses traits, sa voix, ses voeux lui
soumettaient mes voeux... [10]”,
avouait-elle plus tard à l´une de ses soeurs.
Le jeune homme, en se rendant compte de l´attachement et du trouble de la
jeune fille, commença le siège de la place. Avec passion feinte..? Avec passion
réelle..? Du moins, elle la crut sincère.
Malgré tout, elle résista avec désespoir pendant quelque temps.
“Je voulais, mais en vain, par un
effort suprême,
Pourtant l´inévitable arriva: la pauvre jeune fille capitula. Mais, bien
entendu, elle capitula exclusivement devant l´Amour.
“Dieu! Comment se peut-il qu´une
bouche si tendre
par un charme imposteur égare la
vertu..?
Si ce n´est dans l´amour, où
pouvait-il le prendre
Alors elle se donna à lui comme toutes les grandes amoureuses: toute, d´un
seul coup et pour toujours.
Malheureusement pour elle, son galant n´était pas à la
hauteur de son coeur. Chaque homme et chaque femme ont une capacité déterminée
d´aimer. Celle de Marceline était incommensurable; celle de son amant, bornée.
D´où le drame. Délaissée lâchement à vingt-quatre ans avec un enfant dans son
sein, reprise trois ans après et délaissée à nouveau définitivement, cet amour
émouvant et orageux ne fut pour la sensible jeune femme qu´un terrible
calvaire. Au moment de la rupture dernière:
“Il est fini ce long supplice..!”
Pourtant cet amour malheureux, à cause précisement de son malheur, remplit
dorénavant sa vie et sa poésie, comme une obsession divine.
“Je l´ai promis, je vivrai pour
ta gloire,
Cher
objet de mon souvenir
Sois le charme de ma mémoire,
jurait-elle de tout son coeur, dans le moment même de la
séparation.
Et, un peu plus tard, en
fouillant les reliques de son amour, elle murmurait mélancoliquement:
“Je
pardonne à votre inconstance
les maux qu´elle m´a fait
souffrir;
leur excès m´en a su guérir:
c´est à votre abandon que je dois
l´existence.
J´ai repris le serment d´être à
vous pour toujours;
mais mon âme un instant fut unie
à la vôtre,
et je le sens, jamais une autre
Toutefois, deux années après, un autre homme, plus jeune
qu´elle, eut ses voeux définitifs. La vie a des exigences impérieuses et se
moque des serments les plus solennels.
C´était l´an 1817. Marceline venait de perdre son père,
sa mère était déjà morte en 1801. En 1816, elle avait aussi perdu son enfant
Marie-Eugène; et, en 1815, son amant l´avait quittée. C´est-à-dire, en trois
années successives, trois cruels déchirements. Le malheur l´abattit. En outre,
elle n´était plus une jeune fille. Elle avait trente et un ans. La solitude la
plus affreuse la tourmentait. Alors un brave et beau camarade de théâtre,
Prosper Valmore, avec qui elle jouait à Bruxelles, s´éprit de cette charmante
et infortunée partenaire et demanda sa main. Elle l´épousa.
Bien entendu, Marceline – qui était une femme foncièrement pure et
vertueuse – reconnaissante à cet homme qui l´avait aimée, relevée et soutenue
dans la période la plus critique de sa vie, fut dorénavant auprès de lui un
modèle d´épouse et de mère. L´un et l´autre menèrent, désormais ensemble, avec
courage, une existence noble et digne, quoique toujours laborieuse et souvent
difficile.
Mais malgré sa fidélité scrupuleuse à ses nouveaux serments, elle ne sut
jamais bannir de son coeur tendre le souvenir et même le regret de son ancien
et infidèle amant. Et à 71 ans, quand il était déjà mort probablement depuis
longtemps, elle le rappelait encore de cette façon touchante:
“Votre nom seul
suffira bien
pour me retenir
asservie;
il est alentour
de ma vie
roulé comme un
ardent lien;
Alors, Marceline était déjà aux abords du sépulcre [17]. Et
quoi! Mais n´avait-elle pas dit trente-cinq ans auparavant:
“Nom chéri! nom charmant! Oracle
de mon sort!
Hélas! que tu me plais, que ta
grâce me touche!
Tu m´annonças la vie, et, mêlé
dans la mort,
Eh bien, quel nom mystérieux est celui-ci? A qui
correspond ce nom adoré...? Marceline ne l´a jamais révélé. Certes, elle le
nomme dans ses poèmes “Olivier”.
“Olivier, je t´attends! déjà
l´heure est sonnée;
je viens de tressaillir comme au
bruit de tes pas;
le soleil qui s´éteint va clore
la journée;
Mais Olivier est un nom fictif, le nom véritable restant toujours une
véritable énigme. Et c´est en vain que les biographes, les critiques et les
admirateurs de la poétesse ont essayé à plusieurs reprises d´identifier
Olivier. Ils n´ont pas encore réussi.
Il est vrai que ni Hippolyte Valmore, l´unique fils de
Marceline qui lui survécut longtemps; ni Délia Amoureux, chez laquelle
Marceline connut et s´éprit d´Olivier; ni ses autres amies intimes, Albertine
Gantier et Pauline Duchambge, ne levèrent jamais tout à fait le voile du
mystère. Quant à ses amis, ni Sainte-Beuve, ni Brizeux, ni Alexandre Dumas, ni
Raspail, ni Revilliod n´ont fourni, eux non plus, de renseignements concluants.
Sans doute ils ignoraient le secret.
Il y a pourtant une piste très intéressante, donnée par Marceline même.
C´est la pièce “Un nom pour deux coeurs”
qui parut dans “L´Opale” en 1834:
“Ton nom, partout ton nom console
mon oreille.
Tu sais que dans mon coeur le
ciel daigna l´écrire,
On ne peut m´appeler sans le
jeter vers moi;
Chaque lettre en est mienne et me
mêle avec toi.”
Mais cette piste, comme celles sur la condition de poète
de son galant, sur sa voix prenante, etc., n´a fait qu´égarer ses biographes
dans un dédale de conjectures.
Olivier était-il l´officier Jean Victor Fontanes, dit Saint-Marcellin?
Le comte de Marcellus, Louis-Marie-Auguste Demartin du Tyrac?
Le créole Dupuy des Islets?
L´ami de Talma, Louis-François-Hilarion Audibert?
Le docteur Jean-Louis Alibert?
Le chanteur italien Félix Blangini?
Le littérateur Hyacinthe-Joseph-Alexandre Thabaud de Latouche?
Personne n´a su encore l´identifier avec certitude. Les présomptions les
plus fondées sont, certes, pour le dernier, appelé en littérature Henri de
Latouche. D´abord, il avait plus de talent que tous les autres séducteurs qu´on
lui oppose: c´était un jeune homme du même âge que Marceline – un an de plus -;
il était journaliste, poète, romancier et auteur dramatique, avait une voix
particulièrement séductrice et un de ses prénoms “Joseph” est contenu dans
“Josephe”, l´un des prénoms de Marceline, sans compter, d´ailleurs, nombre d´autres détails très significatifs et
impressionnants [20].
Cependant, toutes ces fortes présomptions ne sont pas l´identification
définitive, et M. Jacques Boulenger, qui défend la thèse de Latouche, conclut
pourtant par cette formule: “Non, il
n´est guère possible de douter que le jeune homme de Marceline ce ne soit lui.”
Il n´est guère possible..! C´est-à-dire, il est encore
possible. Voilà. Eh bien, après tant de recherches et de discussions
infructueuses, je me demande: mais ces messieurs érudits ne se sont-ils pas
lamentablement dévoyés..?
A quoi bon tant d´inutiles tracasseries?
Est-ce que le vrai secret de la vie et de l´oeuvre de Marceline Desbordes
seraient effectivement le nom et la personnalité de son séducteur?
Je n´y crois pas. Parce que voyons: qu´importe vraiment à ce sujet cette
inconnue de feuilleton romantique...? Va, en réalité, pas grand´chose.
Mais depuis Pascal jusqu´à nos jours, il y a une tendance chez certains
messieurs, amis de l´analyse étroite et du paradoxe choquant, d´attribuer de
grands effets à de petites causes – oh! le calcul de Cromwell, le nez de
Cléopâtre, etc. – et de vouloir expliquer l´ensemble, le tout complexe et
parfois grandiose d´une vie ou d´un événement historique, par des détails
insignifiants.
Mais cette interprétation mesquine ne correspond-elle pas peut-être à une
vision myope et puérile de la vie et de l´histoire?
Examinons, par exemple, le cas présent.
Combien de jeunes filles sont, chaque jour, séduites et délaissées par
leurs galants? Combien d´Elvires tombent toujours sous les griffes de Don Juan?
Et bien, des personnalités et des oeuvres comme l´oeuvre et la personnalité de
Marceline Desbordes-Valmore ne se présentent pourtant que de temps en temps.
Bien entendu, un amour malheureux peut inspirer à une femme ou à un homme
supérieurs des strophes sublimes et touchantes, que cette femme s´appelle
Marceline Desbordes ou cet homme Alfred de Musset. C´est un cas tellement
répété dans l´histoire.
Mais il naïf, pour ne pas dire plus, de chercher le
secret de leur vie et de leur oeuvre dans cette circonstance insignifiante; et
moins encore dans l´influence des partenaires. Les noms de ces séducteurs et de
ces séductrices, souvent vulgaires, demeurent souvent aussi dans l´obscurité et
avec raison. N´ayant fait preuve que de totale incompréhension, ils ne
méritaient pas, en effet, ces êtres obscurs, de passer à la postérité, à la
queue brillante d´un grand astre.
Mais oui: les secrets de ces vies et de ces oeuvres, il faut les chercher
ailleurs; il faut les chercher d´abord dans le tempérament et dans le talent de
ces hommes. En fin de compte, chacun devient d´ordinaire ce qu´il est. Voilà le
plus vrai des paradoxes.
Certes, les circonstances peuvent favoriser la révélation
d´un génie ou l´ empêcher de se manifester. “Moi, a dit notre meilleur philosophe contemporain, José Ortega y
Gasset, je suis moi et mes circonstances”.
Sans doute. Mais les circonstances sont toujours une occasion et pas une cause.
C´est toujours le moi le principe vital et opérant; les circonstances ne sont
que le climat.
Voilà pourquoi j´estime bizarre et inutile de chercher le secret de
Marceline Desbordes-Valmore ailleurs que chez elle-même.
Il y a à ce propos un détail autant curieux que frappant. Le fameux
quatrain, cité ci-dessus, qui, d´après le manuscrit révélé par Boulenger,
disait: “Mon secret est un nom”,
Marceline vivant, ne fut jamais publié d´après cette version. Dans le recueil
“Pauvres Fleurs” où le quatrain parut en 1839 pour la première fois, les deux
derniers vers disaient:
“Mon secret est
mon coeur, ma souffrance la vie,
mon effroi,
l´avenir, si Dieu n´eût fait la mort.”
“Mon secret est mon coeur...” Ah! quelle révélation!
Voilà la version intime d´une amante, le secret personnel d´une jeune fille
délaissée. C´est pourquoi il resta enfin inédit dans le manuscrit privé.
Mais le vrai secret, le grand secret de Marceline Desbordes-Valmore n´est
autre que son coeur. Voilà la clef de sa vie, la source de sa poésie et le
fondement de sa gloire et de sa grandeur.
A la même époque, un autre insigne amant trompé s´écriait douloureusement:
“Ami frappe ton
coeur, c´est là qu´est le génie.”
Musset frappa son coeur et “Les Nuits”
jaillirent, ce bréviaire des amants trahis. Marceline frappa le sien, et
jaillirent ses élégies, ses romances, ses bouquets, ses prières, toute cette
poésie humble et touchante, bréviaire des amantes délaissées.
Certes n´allez pas chercher chez Marceline l´art magnifique de Musset.
“Cette lyre
inculte, incomplète...”
Mais “qu´importe que Madame Valmore
ne soit pas un poète selon l´art, si elle est la poésie et l´âme?”,
répliquait le grand critique Sainte-Beuve [22]. Et il
ajoutait encore: “Elle a chanté comme
l´oiseau chante, comme la tourterelle gémit, sans autre science que l´émotion
du coeur, sans autre moyen que la note naturelle. [23]”
A elle mieux qu´à personne sont applicables les vers d´André Chénier:
“L´art des transports de l´âme est un faible interprète,
Ce que Marceline Desbordes-Valmore représente, en effet,
dans la littérature française, c´est le triomphe du coeur féminin. Aucune de
ses compatriotes, de Marie de France à Jeannette Delatang-Tardiff [25], n´a su trouver ses accents de lyrisme et d´émotion. Ah!
c´est qu´aucune n´a su s´élever à la hauteur de son grand coeur.
Le coeur de Marceline Desbordes-Valmore..!
Anne de Noailles – la poétesse raffinée qui devait prendre quelques ans
après la lyre amoureuse de Marceline – a chanté magnifiquement son “coeur
innombrable”.
Coeur innombrable? Jolie métaphore! La pauvre petite comédienne de Lyon
n´avait pas un coeur innombrable. Elle n´avait que son coeur simple de femme
aimante. Mais oui: il valait en revanche par un nombre incommensurable de
coeurs de femme.
En voulez-vous la preuve?
Lisez d´abord sa biographie. Apprenez sa pitié de fille, sa passion
d´amante, son dévouement d´épouse, sa tendresse de mère, sa fidélité d´amie,
son courage de citadine, sa charité de femme envers les pauvres et les
malheureux, elle qui fut toujours malheureuse et pauvre!
Lisez ensuite ses oeuvres. Ecoutez une de ses poésies; plutôt qu´un chant
ou une mélodie vous entendrez aussitôt des battements de coeur. Quelle que soit
la personne à qui s´adresse, la situation ou le lieu où elle se trouve ou le
sujet qu´elle chante, vous entendrez toujours la même note: la cordiale. C´est
toujours le même chanteur: son coeur.
Voulez-vous vous émouvoir, par le souvenir de sa pauvre
mère? Lisez les poèmes “Avant toi”, “La maison de ma mère”, “Le berceau
d´Hélène” ou “Quand je pense à ma mère”.
“Ma mère est dans les cieux, les pauvres l´ont
bénie:
Ma mère était partout la grâce et l´harmonie.
Jusque sur ses pieds blancs, sa chevelure d´or
Ruisselait comme l´eau, Dieu! j´en tressaille encor!
Et quand on disait d´elle: “Allons voir la Madonne”,
Un orgueil m´enlevait. Que le ciel me pardonne!
..........
Oui, vainement ma mère avait peur de l´enfer.
Ses doux yeux, ses yeux bleus, n´étaient qu´un ciel
ouvert.
Oui, Rubens eût choisi sa beauté savoureuse
Pour montrer aux mortels la Vierge bienheureuse.
Sa belle ombre qui passe à travers tous mes jours,
Lorsque je vais tomber, me relève toujours.
Toujours entre le monde et ma tristesse amère,
Voulez-vous connaître jusqu´où vont sa tendresse et sa fidélité amicales?
Lisez ses élégies à Délie: “Le mal du pays”, “Les amitiés de jeunesse” ou
“Albertine”, la pauvre Albertine Gantier, amie de l´enfance de Marceline et
décédée prématurément à Bruxelles, en 1819.
“Je veux aller mourir aux lieux ou je suis née:
le tombeau d´Albertine est près de mon berceau;
je veux aller trouver son ombre abandonnée;
je veux un même lit près du même ruisseau.
..........
Ah! quand je descendrai rapide, palpitante,
L´invisible sentier qu´on ne remonte pas,
Reconnaîtrai-je enfin la seule âme constante
.........
Voulez-vous vous attendrir par les accents maternels les plus sublimes?
Lisez: “A mon fils avant le collège”,
“Au soleil”, “ L´oreiller d´une petite fille”, “Hippolyte”, “A mon enfant
après l´avoir conduit au collège”, ou ces huit vers dédiés à Inès, sa plus
jeune fille, emportée par la phtisie en 1846, âgée seulement de 21 ans.
“Je ne dis rien de toi, toi, la plus enfermée!
Toi, la plus douloureuse, et non la moins aimée.
Toi, rentrée en mon sein! Je ne dis rien de toi
Qui souffres, qui te plains et qui meurs avec moi.
Le sais-tu maintenant, ô jalouse adorée,
Ce
que je te vouais de tendresse ignorée?
Connais-tu, maintenant, me l´ayant emporté,
Mon coeur qui bat si triste et pleure à ton côté”
.....
Enfin, voulez-vous admirer la citadine courageuse et fière? Voulez-vous
entendre des cris d´indignation et pitié, comme on n´en avait plus entendu en
France depuis Agrippa d´Aubigné? Lisez “Le
Chant des bannis”, “Les séparés”,
“Dans la rue”, toutes ces strophes
magnifiques, inspirées des massacres et des déportations de 1834, au sujet de
l´insurrection de Lyon, et qu´aucun journal de Paris n´osa imprimer alors, de
peur de s´attirer la colère des ministres de Louis-Philippe.
“Nous n´avons
plus d´argent pour enterrer nos morts.
Le prêtre est
là, marquant le prix des funérailles
Et les corps
étendus, troués par les mitrailles,
Attendent un
linceul, une croix, un remords.
Le meurtre se
fait roi. Le vainqueur siffle et passe.
Où va-t-il? Au
trésor, toucher le prix du sang.
Il en a bien
versé! mais sa main n´est pas lasse;
Elle a, sans le
combattre, égorgé le passant.
Dieu l´a vu.
Dieu cueillait comme des fleurs froissées
Les femmes, les
enfants, qui s´envolaient aux cieux.
Les hommes...
Les voilà dans le sang jusqu´aux yeux.
Mais c´est surtout au sujet de l´amour que Marceline Desbordes-Valmore a
atteint les cimes les plus hautes de l´inspiration. Elle l´a chanté avec une
sincérité, avec une émotion et avec une puissance jamais égalées encore par
aucune autre femme de France. Ah! elle l´avait aussi senti comme aucune autre
femme de sa race.
“Ma force
c´est l´amour...”
disait-elle à Mme A. Dupin [29] en 1837. Oui,
sa force de femme et sa force de poétesse. C´est pour cela qu´elle a excellé
comme personne à exprimer toutes les nuances de cette passion: les joies et les
tristesses, les espérances et les inquiétudes, les désirs et les rêves, les
rancoeurs et les regrets, les indignations et les transports.
Voulez-vous une marque de sa tendresse? [30] Lisez “Une lettre de femme” où elle exprime la
tristesse de la séparation de son amant, à la suite d´un voyage. Verlaine,
après l´avoir citée dans une étude sur Marceline Desbordes-Valmore, ajouta pour
tout commentaire: “Est-ce divin?”
“Tu t´en vas,
tout s´en va! Tout se met en voyage,
Lumière et fleurs:
Le bel été te
suit, me laissant à l´orage,
Lourde de pleurs.
Mais si l´on ne vit plus que
d´espoir et d´alarmes
Cessant de voir
Partageons pour
le mieux: moi je retiens les larmes,
Garde l´espoir.
Non, je ne
voudrais pas, tant je te suis unie,
Te voir souffrir:
Souhaiter la
douleur à sa moitié bénie,
Voulez-vous entendre les accents du plus pur enthousiasme? Ecoutez “Le Présage” où sa naïve croyance aux
pressentiments la transporte de joie, en lui donnant l´illusion du retour de
son galant:
“Oui, je vais le revoir, je le sens, j´en suis sûre
Mon front brûle et rougit, un charme est dans mes
pleurs.
Je veux parler, j´écoute et j´attends... doux
augure!
L´air est chargé d´espoir... Il revient ... je le
jure,
Car les frisson qu´il donne a fait fuir mes
couleurs.
............
Saule ému, taisez-vous! Ruisseau, daignez-vous taire.
Ecoutez, calmez-vous, il ne tardera pas;
J´ai senti palpiter la terre
Comme au temps où mes pas me portaient sur ses pas.
Me voici sur la route, et j´ai fui ma fenêtre;
Trop de fleurs l´ombrageaient ... Quoi! c´est encore
l´été?
Quoi! Les champs sont en fleurs? Le monde est
habité?
Hier, c´est donc lui seul qui manquait à mon être?
Hier, pas un rayon n´éclairait mon ennui;
Dieu!... l´été, la lumière et le ciel, c´est donc
lui...!
Oui, ma vie! Oui, tout rit à deux âmes fidèles:
Tu viens; l´été, l´amour, le ciel, tout est à moi!
Et
je sens qu´il m´éclot des ailes
Voulez-vous une preuve émouvante de sa fidélité sans espoir, de sa
résignation et de sa mélancolie? Lisez “Le
Retour aux champs”.
..............
“Me voici devant la chapelle
Où mon coeur sans détour jura ses premiers voeux.
Déjà mon coeur n´est plus heureux,
Mais à ses voeux trahis il est encore fidèle.
J´y vins offrir, l´autre printemps,
Une fraîche couronne, aujourd´hui desséchée.
Cette chapelle, hélas! dans les ronces cachées,
N´est-elle plus l´amour des simples habitants?
Seule j´y ferai ma prière.
Mon sort, je le sais trop, me défend d´espérer.
Eh
bien! Sans espérance, à genoux sur la pierre
.....
Voulez-vous un exemple de l´abnégation la plus sublime? Lisez “Prière pour lui” où non seulement elle
prie pour l´amant qui l´abandonne, mais aussi pour la femme même qui lui enlève
son amour:
“Dieu! Créez à sa vie un objet
plein de charmes,
une voix qui réponde aux secrets
de sa voix!
Donnez-lui du bonheur, Dieu!
Donnez-lui des larmes.
Du bonheur de le voir j´ai pleuré
tant de fois!
J´ai pleuré: mais ma voix se tait
devant la sienne;
Mais tout ce qu´il m´apprend, lui
seul l´ignorera.
Il ne dira jamais: “Soyons
heureux, sois mienne!”
L´aimera-t-elle assez celle qui
l´entendra?
.........
Qu´il la trouve demain! Qu´il
m´oublie et l´adore!
Demain: à mon courage il
reste peu d´instants.
Pour une autre aujourd´hui je
veux prier encore:
.........
Enfin, voulez-vous connaître la magnanimité de son âme? Lisez “Le Pardon” où, comme Christ sur le
Calvaire, elle n´a que des mots de pardon et d´amour pour l´homme qui a
crucifié son coeur.
“Je me meurs, je succombe au
destin qui m´accable;
de ce dernier moment, veux-tu
charmer l´horreur?
Viens encore une fois presser ta
main coupable
Sur mon coeur.
Quant il aura cessé de brûler et
d´attendre,
Tu ne sentiras pas de remords
superflus;
Mais tu diras: “Ce coeur, qui
pour moi fut si tendre,
N´aime plus!”
Vois l´Amour qui s´enfuit de mon
âme blessée;
Contemple ton ouvrage et ne sens
nul effroi:
La mort est dans mon sein...
Pourtant je suis glacée
Moins que toi!
Prends ce coeur, prends ton bien.
L´amante qui t´adore
N´eut jamais à t´offrir, hélas!
un autre don;
Mais en le déchirant, tu peux y
lire encore
Pour démontrer notre thèse, on pourrait multiplier encore les citations de
Marceline et même les comparer avec d´autres textes, empruntés à diverses
poétesses françaises. Mais ce n´est pas la peine.
“Jamais aucun poète ne fut plus
naturel; aucun ne fut jamais moins artificiel. Personne n´a pu imiter ce charme”
a conclu Baudelaire avec enthousiasme [36].
A mon avis, Marceline Desbordes-Valmore est l´amoureuse
française la plus sincère, la plus tendre et la plus sublime du XIXè siècle. Je
ne trouve qu´une autre femme, dans un autre ordre, à qui la comparer: Thérèse
Martin, la petite fleur carmélitaine, auteur de ce poème d´amour en prose,
intitulé “Histoire d´une âme”;
celle-ci représentant l´amour divin; celle-là, l´amour humain. Certes,
Marceline n´atteint pas les cimes de l´héroïsme ascétique de la Vierge de
Lisieux, cette espèce de masochisme spirituel, emprunté et appris à son tour de
ma compatriote, la Vierge d´Avila: “Seigneur,
ou souffrir ou mourir!”. Pourtant Marceline Desbordes-Valmore supère toutes
les deux religieuses en abnégation et désintéressement. Enfin de compte, les
deux Vierges du Carmel comptaient toujours d´avance et avec certitude – la
certitude d´une foi aveugle, bien entendu – sur la réciprocité et sur la
récompense de leur amour. Voilà le secret du “chemin de perfection” et de la “petite
voie de confiance et d´abandon”. Elles se donnaient comme des victimes à
qui ne saurait jamais leur manquer. C´est un amour intéressé. Tandis que
Marceline a pratiqué et chanté l´amour pour l´amour, en marge de toute
récompense et de tout retour.
“Aime en vain:
donne et pardonne
à qui ne t´a pas
compris.
Souris à
qui t´abandonne
Après cela, demandera-t-on encore sur le secret de Marceline
Desbordes-Valmore?
Un nom..?
Mais non: un coeur, le sien. Un coeur trempé par la douleur. Voilà.
Parce que Marceline Desbordes-Valmore, outre une grande amoureuse, fut une
grande malheureuse.
C´est pourquoi Paul Verlaine n´a pas eu tort de l´inclure
dans le nombre des poètes maudits. En effet, Marceline Desbordes, comme
Verlaine lui-même, comme Rimbaud, comme Baudelaire, comme tant d´autres, depuis
Villon jusqu´à Tristan Corbière, fut, elle aussi, un poète maudit. Mais,
attention! Avec une différence très remarquable par comparaison avec ceux-là.
Marceline a été un poète maudit exclusivement pour son destin malheureux, un destin
qu´elle ne méritait pas; mais non pour son satanisme, pour la brillante
immoralité de ses vers ou les dérèglements de sa vie privée. On aime Marceline
en lisant ses poésies; on la plaint, on la vénère, en lisant sa biographie. La
femme et l´oeuvre sont également aimables. Tandis que dans le cas de la plupart
des poètes maudits, l´oeuvre est souvent admirable, mais l´homme...
Oui, la “pauvre petite comédienne de
Lyon” fut bien frappée du Destin.
Frappée dans le foyer même paternel; un foyer pauvre, devenu vite misérable
et pour cela sans doute désuni, que Marceline dut quitter de très bonne heure
avec sa mère, pour tenter la fortune à la Guadeloupe. Mais, hélas! À la
Guadeloupe, la mère trouva la mort; la fille, l´abandon.
Frappée dans sa arrière d´actrice, une carrière peu brillante qui, en
échange, l´obligea depuis treize ans, à mener toujours une vie errante,
laborieuse et souvent difficile. Certes, son mari, Prosper Valmore, était un
brave homme, mais aussi un comédien médiocre. Marceline tenta de faire de lui
un acteur célèbre, mais en vain. Donc, la carrière artistique du ménage ne
réussit jamais, ne fut toujours qu´un pénible gagne-pain. Pour revenir d´une
tournée lamentable en Italie, en 1838, il leur fallut accepter l´aide de Mlle
Mars et même vendre une partie de leurs bagages..!
Frappée dans ses amours de jeunesse, dont elle n´a guère
connu que les chagrins et les misères, la trahison et l´abandon. Enfin, frappée
dans ses enfants, dont une fille Junie, est morte dans le berceau; un enfant,
Marie-Eugène, à cinq ans, et deux autres filles, Inès et Ondine, furent
enlevées par la phtisie, en pleine jeunesse.
“Mon secret est mon coeur: ma
souffrance, la vie.”
Oui, amour et douleur, voilà les deux mots qui résument sa vie et son
oeuvre.
Comme elle disait dans le poème de remerciement à Lamartine:
“Car je suis une
faible femme;
je n´ai su
qu´aimer et souffrir;
ma pauvre lyre,
c´est mon âme,
et toi seul
découvres la flamme
Amour et douleur! Voilà les deux muses de sa vie et de son oeuvre.
Dans le déclin de son existence, elle pouvait écrire, avec raison, à sa
vieille amie Pauline Duchambge: “Le plus
beau vers de Lamartine, le sais-tu?
Rien ne reste de nous, sinon
d´avoir aimé!”
C´est pourquoi le ton général de la poésie de Marceline est mélancolique.
Mais oui: cette mélancolie n´est pas précisément une prose littéraire, comme
chez le Vicomte de Chateaubriand, chez Lamartine même et chez la plupart des
romantiques.
C´était un état sincère de son âme. Elle avait tellement
souffert! C´était le lot de son coeur.
Chamfort dit à Sieyès sur le lit de mort:
“Ah! mon ami, je
m´en vais de ce monde,
Où il faut que
le coeur se brise ou se bronze.”
Le coeur de la pauvre Marceline était trop sensible pour
se bronzer. Donc il se brisa.
Mais, c´est précisément de ce déchirement que jaillit la poésie de
Marceline. Comme Lamartine disait à la “pauvre
petite comédienne de Lyon”, dans le poème qu´il lui dédia en 1831:
“Ainsi le coeur
n´a de murmures
que brisé sous
les pieds du sort.
L´âme chante
dans les tortures,
Et chacune de
ses blessures
Lui donne un
plus sublime accord...”
Détail curieux! Marceline commença à écrire justement en
guise de traitement médical, pour se délivrer des idées, qui l´harcelaient et
attaquaient sa santé, à la suite de l´abandon de son amant. Dans une note à
Sainte-Beuve, elle disait:
“Je fus forcée de les écrire pour me
délivrer de ce frappement fiévreux, et l´on me dit que c´était une élégie.
Monsieur Alibert, qui soignait ma santé devenue fort frêle, me conseilla
d´écrire, comme un moyen de guérison, n´en connaissant point d´autre [40].”
C´est pourquoi dans une élégie, elle disait à son amie Délie:
“Faites grâce,
du moins à l´innocent délire
qui m´apprend, sans effort, à moduler
des vers.
Seule, je suis
pourtant moins seule avec ma lyre.
Quelqu´un
m´entend, me plaint dans l´univers...”
Amour et douleur! Voilà enfin le vrai secret de Marceline
Desbordes-Valmore. De cette pauvre petite, mais sublime femme, dont le dernier
souhait fut que son nom humble et immortel servît de baume et de consolation
aux coeurs blessés de ses frères, les malheureux:
“Que mon nom ne
soit rien qu´une ombre douce et vaine;
qu´il ne cause
jamais ni l´effroi ni la peine;
qu´un indigent
l´emporte après m´avoir parlé
Belle âme que cette âme de colombe de la pauvre petite comédienne!
A l´entrée de la crypte du Panthéon des Grands Hommes de la France, la
troisième République a déposé dans un reliquaire de porphyre rouge le coeur du
grand tribun Léon Gambetta. Si, un jour, on érige à Paris le Panthéon des
Grandes Femmes de France, on devra y consacrer, au plus grand motif, un coeur
symbolique à la poétesse de plus grand coeur du Parnasse français: Marceline
Debordes-Valmore.
[1] Ste. Beuve. Nouv. Lundis, XII, 243, art. Du 5-5-1869.
[2] Marceline avait publié en 1831, dans le “Mercure du XIX
siècle” une ode dédiée à M. A. de L. Les initiales désignaient Aimé de Loy qui
avait fait paraître en 1827 le recueil: “Préludes poétiques”. La pièce de
Marceline fut inserte en 1831 dans le “Keepsake français” qui éditait
Giraldon-Bovinet, mais cette fois avec le titre inexact de: “A l´auteur des
Harmonies”, l´éditeur ne pensant pas sans doute que les initiales A. de L.
pussent désigner une autre poète qu´Alphonse de Lamartine. Celui-ci accusa tout
de suite l´allusion et dédia à Marceline un chant admirable.
[3] Lettre du 25 janvier 1831.
[4] Causeries du Lundi, XIV, 404, Art. Sur les “Poésies
inédites de Mme. Desbordes-Valmore (1860).
[5] Chez Plon, 1926. Mais l´ouvrage avait paru d´abord chez
Fayard, en 1909, sous le tire: “Marceline Desbordes-Valmore d´après les papiers
inédits.”
[6] Marceline Desbordes-Valmore, p. 7.
[7] Elégies et poésies nouvelles, Paris, Ladvocat, 1825.
[8] Elégie “A Délie”, Elégies, Marie et Romances, Paris,
1819.
[9] Le Gai Savoir.
[10] Elégie “A ma soeur”.
[11] La
promenade d´automne. Poésies de Marceline
Desbordes-Valmore, Paris, François-Luis, 1820.
[12] Elégie “L´Inconstance”.
Elégies, Marie et Romances, Paris, François-Luis, 1819.
[13] Elégie “La
Séparation”. Elégies, Marie et Romances, 1819.
[14] Elégie “Le Ruban”. Elégies, Marie et Romances, 1819.
[15] “Mais vous qui connaissez mon âme toujours pure”,
pouvait-elle dire avec raison à son amie Délie Amoureux.
[16] “Allez en paix”, oeuvres posthumes, Génève, Jules Fick,
1860.
[17] Marceline est morte à 73 ans, le 23 juillet 1859.
[18] “Elégie”.
Poésies de Marceline Desbordes-Valmore, Paris, Théophile Grandin, 1822.
[19] “L´attente”.
Publié en 1815 dans “l´Almanach des Muses”
sous le titre “Le Rendez-vous” et en
1816 dans la “Guirlande des Dames”
avec le titre “l´Absence au Rendez-vous.”
[20]
Par exemple:
a)
Des
poésies très significatives, en prenant comme leitmotif une pensée de Latouche.
Telles “Je ne crois plus”, “Nacelle abandonnée...”, et même celle que Marceline
dédia expressément à Lamartine: “Triste et morne sur le rivage...”
b)
B)
Des allusions nostalgiques aux lieux d´Italie où Latouche voyagea, après la
première rupture de Marceline, et où elle voyagea aussi avec son mari en 1838:
c)
“Rome
où ses jeunes pas ont erré, belle Rome...”
d)
“Bouquets et prières”, page 141.
e) C) Et enfin la lettre touchante que Marceline adressa à
Ste. Beuve, lors du décès de Latouche en 1851. D´autre part, Latouche publia en
1823 une oeuvre sous ce titre: “Olivier Burusson”, et la même année, Marceline Desbordes-Valmore reproduisit
dans “La Guirlande des Dames” la romance “Olivier, je t´attends! Déjà l´heure
est sonnée...”, que nous avons cité ci-dessus.
[21] “A Monsieur Alphonse de Lamartine”, Les Pleurs, 1833.
[22] Prt. Cont. II, 109-110; article du 1-8-1833.
[23] Introduction au recueil “Poésies de Madame
Desbordes-Valmore”. Paris, Charpentier, 1842.
[24] Elégies, I, 23.
[25] Prix Mallarmé, 1942.
[26] “Quand je pense à ma mère”. Oeuvres posthumes, Genève,
1860.
[27] “Le mal du pays”. Les Pleurs, poésies nouvelles, Paris,
Charpentier, 1833.
[28] “Dans la rue”. Par un jour funèbre à Lyon. Publié la
première fois par Ste. Beuve dans le troisième
de ses articles sur la Vie et la Correspondance de Marceline. N. L.
XIII, 193-194.
[29] “Départ de Lyon”. Bouquets et Prières, 1843. Paris,
Dumont.
[30] Les poètes maudits, page 61.
[32] Oeuvres posthumes, 1860.
[33] Dans l´almanach des Muses de 1816. Poésies de Marceline
Desbordes-Valmore, Paris, Boulland, 1831.
[34] Poésie de Marceline Desbordes-Valmore, Paris, Boulland,
1830.
[35] Elégies, Marie et Romances, Paris, François-Louis, 1819.
[36] L´Art Romantique.
[37] “A Pauline Duchambge qui voulait quitter le monde”.
Pauvres fleurs, 1839, Paris, Dumont. Pauline Duchambge était la fille du
général De Monthet. Elle épousa un officier, aide de camp de son père, le baron
Désiré Duchambge d´Elbecq; mais ce mariage ne réussit pas. Les époux se
séparèrent. Alors Pauline, qui avait un talent de musicienne et qui mit
notamment en musique de nombreuses romances de Marceline, s´éprit du
compositeur Aubert. Il finit par la quitter, mais elle demeura fidèle à son
souvenir. Elle perdit sa fortune et vécut dès lors pauvrement. La pièce de
Marceline fait sans doute allusion aux amours malheureuses de Pauline et
d´Aubert.
[38] Les Pleurs, Paris, Charpentier, 1833.
[39] “Lettres de Marceline Desbordes-Valmore”... II, 313.
Lettre du 11 mai 1857.
[40] Portraits contemporains, 11, 100-101. Article du
1-8-1833.
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